Que pouvons-nous entendre dans ces paraboles en saint Matthieu ? Tout d’abord qu’il y a une échéance, il y a une direction, un ordre. Il n’en sera pas toujours ainsi. Il y a une fin, un objectif, appelé le « temps de la moisson » ou « la fin du monde ». C’est une chose certaine tant au plan individuel qu’au plan collectif. C’est une chose qui ne fait pas peur au Christ, ni ne le désole. Au contraire elle le réjouit... Et cette nouvelle a réjoui aussi les premiers chrétiens affrontés à la persécution et à la petite taille des communautés. L’auteur de l’Apocalypse peut écrire en parlant de ce temps de la patience : « C’est l’heure de la persévérance des saints qui gardent les commandements de Dieu et la foi en Jésus... Sur la nuée siégeait comme un fils d’homme. Il avait... dans la main une faucille tranchante. Puis un autre ange... [lui] cria d’une voix forte... “Lance ta faucille et moissonne. L’heure est venue de moissonner, car la moisson de la terre est mûre” » (Ap14,12-14). Ils attendaient et espéraient le jugement de Dieu... Ils attendaient d’entendre le Christ leur dire : « C’est bien, serviteur bon et fidèle... entre dans la joie de ton Seigneur » (Mt 25,21).
Relevons aussi que l’issue est positive car le grain est récolté dans le grenier ; la graine grandira jusqu’à devenir un grand arbre où les oiseaux du ciel feront leur nid ; la pâte lèvera et les justes resplendiront comme le soleil. Oui il y a un juge et il y aura un jugement ; il y a une échéance et il y aura une récompense. De cela Jésus ne doute pas. Ce juste juge, Jésus donne à la fin son nom, c’est un Père, le Père qu’il connaît et qu’il prie et dont il est sûr qu’il veut sauver les multitudes... Il veut que toute la pâte lève. Que tous les oiseaux du ciel viennent faire leur nid dans cet arbre, que tous soient sauvés. C’est l’espérance de Jésus. C’était déjà celle aussi du prophète Ezéchiel : « Ainsi parle le Seigneur... Moi... je cueillerai une jeune pousse et je la planterai moi-même... Elle poussera des branchages, elle produira du fruit et deviendra un cèdre magnifique. Toutes sortes d’oiseaux habiteront sous lui, toutes sortes de volatiles reposeront à l’ombre de ses branches. Et tous les arbres de la campagne sauront que c’est moi, le Seigneur, qui abaisse l’arbre élevé et qui élève l’arbre abaissé, qui fais sécher l’arbre vert et fleurir l’arbre sec. Moi, le Seigneur, j’ai dit et je fais » (Ez 17,22-24). C’est notre espérance !
Abbé Frédéric Fermanel