Savoir se réjouir...

14 décembre 2024

   Le troisième dimanche de l’Avent entretient l’attente de la venue du Verbe dans notre chair en alimentant la joie. Dimanche traditionnel du Gaudete ! Paul s’adresse aux habitants de la ville de Philippes en Macédoine : « Réjouissez-vous dans le Seigneur toujours et partout ! Je vous le dis de nouveau : réjouissez-vous…Le Seigneur est proche !  ». Parce qu’Il est le Seigneur, s’Il est proche, la joie vient de Lui. La joie que réserve Jean le Baptiste passe, quant à elle, par le partage du vêtement et de la nourriture : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! ». Joie qui vient encore de ne rien exiger en plus de ce qui est fixé, quand on a charge d’imposer quoi que ce soit ! Pourtant Jean ne s’estime même pas digne de désigner Jésus comme l’Époux véritable ! Joie de l’ami en faveur de l’Époux. Car le geste de délier la courroie de la sandale n’est pas d’abord un geste d’humilité. C’est un geste d’alliance. Il s’agit de marcher au même pas, de donner son assentiment : « C’était autrefois la coutume en Israël, en cas de rachat et d’héritage, pour valider toute affaire : l’un ôtait sa sandale et la donnait à l’autre. Telle était en Israël la manière de témoigner. Celui qui avait droit de rachat dit donc à Booz : “Fais l’acquisition pour toi-même”, et il retira sa sandale » (Ruth 4, 7-8). Joie pour Jésus enfin de se laisser deviner comme ce qu’Il est, l’Époux en vérité, dans son exigeante tendresse, en abdiquant tout pouvoir et toute séduction.

   « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! » (Sophonie 3, 14). La « fille de Sion », c’est un nouveau quartier de Jérusalem, peuplé par les rescapés du Nord, après le désastre de Samarie, après la réforme de Josias, au début du VII° siècle avant Jésus-Christ. C’est « le petit reste » des survivants d’une catastrophe. Il réclame l’attention réservée à des êtres blessés. Ce sont des « pauvres » ("anawîm") ; ils demandent, pour être touchés, la pauvreté du coeur. Cette pauvreté est celle du Seigneur lui-même. Elle n’est point sans force : « Il a fait rebrousser chemin à ton ennemi. » Aussi, « Ne crains pas, Sion ! » Le « pauvre » qui met sa foi dans le Seigneur ne doit rien craindre. Sa paix et sa joie lui sont assurées par Dieu qui agit en sa faveur. « Le roi d’Israël, le Seigneur est en toi. » Lui seul règne. Lui seul est assez grand pour combler le coeur.

   L’ange Gabriel retrouve les mêmes accents en s’adressant à Marie : « Réjouis-toi, comblée de grâces, le Seigneur est avec toi ! (…) Ne crains pas ! » (Luc 1, 28.30). Entendre donc la parole prophétique comme on entend la voix d’un ange : « Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour », redit Sophonie. Seul l’Amour renouvelle la joie. Seul l’Amour est joie toujours neuve.

Abbé Frédéric Fermanel