Si, dans notre monde, le soleil s’obscurcissait, le jour serait comme la nuit ; si la lune venait à faiblir et les étoiles à cesser de briller, alors tout deviendrait obscur sur la face de la terre. Dans cette obscurité qui couvrira toute la terre, Jésus annonce à ses disciples qu’ils verront le Fils de l’homme apparaître dans sa gloire et ce sera le rassemblement des élus. Deux événements qui ne peuvent que réjouir les disciples. Au milieu de signes qui les déstabilisent, Jésus leur fait découvrir une réalité de l’ordre de la vie comme lorsque les branches du figuier deviennent tendres et que ses feuilles annoncent l’été. Jésus prépare ses disciples pour qu’ils deviennent des veilleurs et le veilleur est comme le chercheur : c’est parce qu’il attend quelque chose qu’il le reconnaît. L’obscurité de la nuit dans laquelle nous plonge le malheur n’est pas une catastrophe nous dit Jésus. La nuit est l’occasion pour l’homme de regarder vers l’intérieur. La nuit conduit l’homme au silence. C’est pour cela que les moines chantent la nuit. Le silence qui permet d’écouter la voix du Père et de parler à Dieu. C’est d’abord ce silence qui apparaît lorsque l’obscurité se fait.
Des soleils, il y en a beaucoup dans nos vies. Les astres brillants et séduisants ne manquent pas à nos imaginaires. La chute de ces astres peut nous déstabiliser complètement lorsque nous leur avons confié notre vie, sans nous en rendre compte.
Il y a des événements, dans notre société proche comme dans notre vie personnelle, que nous pouvons recevoir comme catastrophiques. Lorsque les soleils de nos existences s’obscurcissent, Jésus nous dit :« N’ayez pas peur ». N’ayons pas peur des obscurités. N’ayons pas peur du silence. Pour Jésus, l’accomplissement d’une vie ce n’est pas de « réussir » personnellement mais « accomplir la volonté de Dieu » dans des situations que, bien souvent, nous ne choisissons pas. Lorsque l’obscurité se fait dans nos vies, une lumière s’éteint, le silence se fait et il peut durer. Au moment que nous ne savons pas, une autre lumière que nous ne connaissions pas ou que nous avions oubliée se lèvera. Nous ne savons pas quand le Fils viendra vers nous, en nous, au milieu de nous. Jésus lui-même ne sait pas nous dit l’Écriture, seul le Père connaît l’heure. Préparons-nous à accueillir le Fils de l’homme dans nos vies lorsqu’il viendra et à participer au rassemblement de ceux qui le reconnaissent.
La Parole nous parle et, en nous parlant à tous à la fois, elle nous constitue déjà en communauté de foi rassemblée autour du Christ vivant dans l’eucharistie.
Abbé Frédéric Fermanel