Nous avons vitalement besoin de l’Eucharistie : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle ». De quelle vie Jésus parlait-il sinon de la vie divine, qui jaillit en nous par la communion à sa présence eucharistique, cette vie dont Saint Irénée disait qu’elle consistait toute entière dans la vision de Dieu, c’est-à-dire dans la mémoire vive et la pleine conscience de sa présence vivifiante en nous. On comprend dès lors l’insistance de l’Église sur la participation des fidèles à l’Eucharistie dominicale : Benoît XVI, à la suite de Jean-Paul II, rappelait en son temps que la participation à l’Eucharistie dominicale devait être pour tout chrétien un engagement auquel il ne pouvait renoncer à aucun prix, car il s’agit d’une nécessité vitale – si du moins nous vivons notre foi d’une manière consciente et cohérente. Benoît XVI n’hésitait pas à dire que « la vie de foi est en danger quand on ne ressent plus le désir de participer à la célébration eucharistique où l’on fait mémoire de la victoire pascale » (enc. Sacramentum caritatis, n. 73). Pour réveiller ce saint désir, le chemin le plus direct est encore de nous exposer à la présence du Christ ressuscité présent au Saint Sacrement, au cours de temps d’adoration pris en dehors de la Messe. Car « l’acte d’adoration prolonge et intensifie ce qui est réalisé durant la célébration liturgique elle-même. En fait, ce n’est que dans l’adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai » (Benoît XVI, Ibid. 16).
Au coeur d’un monde caractérisé par un profond brassage des cultures et des religions, notre participation à l’Eucharistie dominicale nous permet de témoigner d’un des aspects les plus spécifiques de notre foi. Mais pour que ce témoignage soit crédible, c’est en quelque sorte notre vie – personnelle et communautaire – qui doit devenir eucharistique. Lorsque saint Paul nous exhorte « à offrir à Dieu notre personne et notre vie en sacrifice saint, capable de lui plaire » (Rm 12,1), ce ne peut être qu’une invitation à imiter le Christ dans son offrande eucharistique. Nourris du Pain du ciel, nous sommes appelés à devenir à notre tour pain livré pour la vie du monde en nous dépensant sans compter au service de nos frères. Bref : nous ne sommes dignes de porter le beau nom de chrétiens que dans la mesure où notre vie procède du Christ présent au milieu de nous dans son Eucharistie, et converge en Lui vers le Père.
Abbé Frédéric Fermanel