Mon Seigneur et mon Dieu ! Alléluia !
On a fait à Thomas une solide réputation. Dans certains passages de l’Évangile, on montre qu’il comprend souvent avec lenteur et qu’il a besoin d’explications. Mais il n’est pas un rationaliste avant l’heure qui ne croit que ce qu’il voit. Le récit de Saint Jean nous raconte comment il est devenu croyant.
Parce qu’il était absent lors de manifestation du Christ, Thomas n’a pu rencontrer le ressuscité et il doit faire confiance au témoignage des Douze qui lui disent : « Nous avons vu le Seigneur ». Pour lui, comme pour nous, en effet, c’est d’abord sur le témoignage de l’Église que nous accédons au Christ ressuscité et la voix que Paul entend sur le chemin de Damas ne dit pas autre chose : « Je suis Jésus que tu persécutes ». En rigueur de termes, Paul ne persécute pas le Christ, mais l’Église, et il découvre que les deux sont indissolublement liés. Thomas refuse de fonder sa foi sur l’expérience d’autrui. Il veut fonder sa foi sur sa propre expérience, directement et sans médiation. Il cherche une preuve tangible qui confirmerait ce qu’il a entendu : Il veut voir et toucher. Seule une vérification empirique emportera sa conviction. Il veut s’assurer que ce qu’ont vu les Douze est bien le crucifié, à nouveau vivant, et qu’ils ne sont pas victimes d’une hallucination collective.
Si au début de sa rencontre avec le Ressuscité le doute de Thomas est bien réel, très vite, il passe du voir au croire. Il ne mettra pas la main dans les plaies du Christ – contrairement à de nombreuses représentations de la scène, car on ne met pas la main sur le divin. Le corps de gloire de Jésus échappe à nos sens, comme Dieu échappe à nos prises. Personne n’a assisté à l’instant où Dieu a ressuscité son Fils !
Jésus met Thomas sur le chemin qui conduit à le reconnaître : « Cesse de te tenir en dehors de la foi et entre dans la foi ! » Ce qu’il voit, ce sont les stigmates de la mort de Jésus, en disant : « Mon Seigneur et mon Dieu », il confesse que désormais, le crucifié est dans la Gloire. A travers le visible des plaies et du côté ouvert, Thomas entre dans l’invisible du Christ glorieux, qui était au commencent auprès de Dieu et était Dieu et qui pour toujours est retourné vers le Père. Entre ces deux moments, qui constitue le temps de l’incarnation, il fut pour nous l’image visible du Dieu invisible.
La résurrection du Christ marque un moment irréversible de notre propre histoire et nous sommes invités à rendre effective cette puissance d’amour dont elle fut le signe.