« Revenez à moi de tout votre coeur... »

9 mars 2025

En acceptant que les cendres soient posées sur notre corps, nous

reconnaissons ensemble, comme les gens de Ninive, comme les habitants de

Jérusalem au temps de Joël que nous sommes pécheurs. Le geste que nous

posons anticipe symboliquement la destruction de la ville et de ceux qui

l’habitent. Le geste dit le retournement du coeur qui entend l’appel à la

conversion et reconnaît son péché ou a le désir de le reconnaître. Ce geste des

cendres est une action qui témoigne sur le corps de l’attitude du coeur. Lorsque

l’on est invité à un mariage, on s’habille avec des habits de fête pour s’associer

à la joie ; ici on reçoit les cendres comme un signe qui manifeste la tristesse qui

nous habite face à l’écart entre la parole du Seigneur et la manière de mener

notre vie. Cette tristesse est une grâce ! Elle est le ressort d’un retournement

vers le Seigneur.

Marqués de la cendre sur notre corps nous témoignons ensemble

publiquement de l’œuvre de l’Esprit saint en nous : il purifie nos cœurs comme

l’or est passé au creuset. Nous croyons que les langues de feu manifestées à la

Pentecôte viennent sur nous, font leur travail en brûlant l’ivraie et que l’Esprit

témoigne en nos cœurs que nous sommes appelés à revivre dans le Christ. Cette

anticipation du geste des cendres dit notre foi en la résurrection. Et c’est à ceux

qui croient cela que Jésus s’adresse dans le discours sur la montagne. Lorsque

Jésus dit : « Si vous voulez vivre comme de justes... », il rejoint ce lieu du coeur

de l’homme où l’Esprit saint travaille, ce lieu où la liberté consent à accueillir

l’appel de Dieu à la conversion.

Jésus nous invite à entrer dans la discrétion. Renoncer à la mise en scène...

Et comprendre que faire l’aumône, c’est pour partager gratuitement ce que j’ai

reçu gratuitement avec celui qui n’a pas ; Prier, c’est pour écouter Dieu, sa

Parole et lui parler comme le mouvement le plus profond du coeur ; Jeûner, c’est

poser un acte entre le Seigneur et moi, un acte de mémoire comme la prière, un

acte qui touche le corps et ses pulsions les plus basiques. Jeûner en prenant un

seul repas dans la journée. Jeûner en marchant une demi-heure gratuitement,

sans but sinon à me reconnaître créé au milieu du monde, m’émerveillant pour

le travail de l’homme et pour le travail de Dieu.

«  Si vous voulez vivre comme de justes... ». Jésus ne nous force pas. La

Parole du Seigneur frappe à la porte de chacun de nous. A nous de trouver notre

réponse, de la recevoir, de la demander dans la prière au cours de ces 40 jours.

Abbé Frédéric Fermanel