Que nous apprend Jésus sur notre vie à travers ces tentations qu’Il subit au désert ? La première est sans doute que les grandes tentations se jouent sur nos peurs. C’est pourquoi notre imaginaire est un terrain de lutte privilégié. Ces peurs jouent sur nos désirs les plus légitimes, désir de reconnaissance, désir d’être reconnu et aimé… Elles veulent nous conduire à oublier ceux qui sont autour de nous et qui pourtant participent de notre bonheur. Elles centrent tout sur l’ego et mènent à la tristesse.
Jésus nous apprend aussi que nous pouvons tenir dans la confiance et les désarmer par la prière et les Écritures. La tentation peut être longue… 40 jours sans manger c’est long… Jésus ne répond que par l’Écriture… comme si sa propre voix était trop faible pour répondre ; il lui reste la voix et la mémoire de la Bible. Dans l’épreuve, à quoi Jésus fait-il référence ? A sa mémoire biblique, au souvenir des hauts faits de Dieu dans l’histoire d’Israël. Nous aussi nous pouvons lutter avec la mémoire, la mémoire de ces moments où Dieu nous a éclairés et où nous avons choisi dans la liberté. La foi est mémoire. L’Écriture est mémoire.
À ce qui nous tente, nous devons répondre avec le cinquième Évangile, l’histoire de Dieu dans nos vies, les pierres blanches qui ont jalonné notre chemin, les moments où le Seigneur s’est fait présent. Jésus s’est appuyé sur ces moments de prière dans la nuit du désert pour pouvoir affronter la nuit de Gethsémani… Nous aussi avons à faire de même. Le carême qui s’ouvre devant nous, ce n’est pas d’abord un moment de privations symboliques mais un temps où nous désirons nous retrouver nous-mêmes, retrouver le goût de Dieu, le goût de nos choix, le goût de vivre libres.
Si jamais nous croyions que nous sommes devenus des pierres et que rien de bon ne peut plus sortir de nous, souvenons-nous que Dieu peut, des pierres que nous sommes, faire surgir des enfants à Abraham (cf. Marc 3,9), un être de foi. Prions pour devenir nous aussi un être de foi.
Abbé F. Fermanel