Qui dit commencement, dit nouveauté. Jésus est venu inaugurer une nouvelle histoire sainte, une nouvelle création. C’est pourquoi l’Évangile de Marc est introduit par ce verset : « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, le Fils de Dieu » et la figure de Jean le Baptiste vient faire ici le lien entre ce qui est ancien et ce qui est nouveau. Marc rassemble dans l’habitude de l’exégèse juive des citations de l’Ancien Testament dans le but de montrer l’unité du projet de Dieu. Isaïe d’abord : « Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer ta route. À travers le désert, une voie crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route ». Complétée par une citation du Livre de l’Exode (23) où Dieu dit qu’il envoie son messager, son ange, préparer et protéger les chemins de son peuple : c’est une parole adressée à Moïse qui traverse le désert du Sinaï avec son peuple en direction de la terre promise, annonçant une venue de Dieu lui-même.
Ainsi, le chemin emprunté par le peuple à travers le désert du livre de l’Exode devient, dans le livre d’Isaïe, le chemin que suit Dieu pour rejoindre le temple et son peuple. Et Jean Baptiste va ainsi se trouver à la jonction de ses deux trajectoires, de ses deux désirs. La route que Jean Baptiste doit préparer est donc à la fois la route des hommes et la route de Dieu.
Au moment où nous nous préparons à recevoir le Seigneur de l’Univers chez nous, en nos maisons, Marc nous redit ainsi que cet événement exige de nous un départ, un exode, qui nous fait quitter nos habitudes pour nous mettre en route comme Dieu s’est mis en route vers son peuple, vers chacun et chacune d’entre nous, désirant ardemment cette rencontre.
Parce qu’il reste en nous beaucoup de fossés, de chemins creux où nous nous embourbons, de passages tortueux où nous nous perdons, de ces collines et de ces montagnes – si petites soient-elles - sur lesquelles nous rêvons d’être, nous ressentons douloureusement la fatigue. C’est précisément là que Dieu veut nous rejoindre au coeur des doutes de la nuit et des matins sans courage : le Christ est une nouveauté radicale qui prend en compte et traverse tout ce que nous sommes. Son amour nous a déjà précédés et rejoints : consentirons-nous à l’accueillir et à le recevoir ? C’est tout l’objet de cette marche de l’Avent, de ce mouvement intérieur qui nous entraîne vers la vie, quels que soient les déserts, le froid et la nuit qui parfois nous entourent.
Abbé F. Fermanel