Au moment où Matthieu écrit son évangile, Jésus a disparu de l’histoire, mais c’est le temps des persécutions. Au-delà des protagonistes historiques d’il y a 2000 ans, cette parabole s’adresse donc à l’Église naissante, et à vrai dire à l’Église de toujours, à nous, ici. C’est nous qui devons nous poser la question : quel est le fruit que Dieu attend de nous ?
Ce fruit, c’est nous-mêmes, aimés par Dieu d’un amour insensé, auprès duquel l’amour d’un homme pour sa vigne n’est qu’une bien pâle image. Oui, ce fruit, c’est nous qui le devenons, quand nous accueillons d’un coeur large et sans partage le Fils de Dieu qui vient à nous pour nous transformer en lui. Car Dieu ne retient rien pour lui : tout ce qu’il a, tout ce qu’il est, il désire le donner. Il n’y a en lui pas la moindre trace d’avarice, pas la moindre peur de manquer. Son Royaume, s’il veut qu’il soit annoncé à la terre entière, jusqu’à la fin des temps, c’est parce qu’il veut le partager avec tous, sans exception, et gratuitement. Il est comme un Roi qui se cherche passionnément des hommes et des femmes dont le premier souci soit d’aimer, de faire confiance, de sortir de soi pour se donner, une communauté qui soit prête à se dépouiller de ses richesses pour rejoindre son Seigneur là où il sert les pauvres, parce que la loi de ce Royaume est une loi d’amour et donc de partage, une communauté où l’on ne sauve que ce que l’on donne, et où tout ce qui n’est pas donné est perdu.
Abbé Frédéric Fermanel