L’homme est appelé à aimer, à découvrir qui est le Dieu révélé en Jésus-Christ et à
porter des fruits. Un figuier est appelé à porter de bons fruits pour que d’autres s’en
nourrissent ; c’est sa manière à lui, figuier, de participer à la Création.
Le propriétaire dit au vigneron de couper ce figuier qui ne porte pas de fruits. Dire
qu’il va falloir couper le figuier, c’est indiquer la stérilité, c’est nommer ce qui ne va
pas : Dieu est la vie qui se donne, la stérilité c’est le refus, souvent inconscient chez
nous, de transmettre la vie. Dieu est la vie qui se donne. La mort c’est l’avarice du coeur.
C’est une réaction humaine que nous vivons parfois à l’égard des autres : « il n’y a rien
à tirer de lui », « laissons-le tomber », « oublions-le », « virons-le ». « Pas la peine de
nous épuiser davantage avec lui ou elle. » On dit cela d’un collaborateur, d’un employé,
d’un enfant, d’un conjoint, d’un frère ou d’une sœur dans l’Église. Nommer cette
stérilité est déjà un signe de la miséricorde. C’est le signe que Dieu espère en
l’homme ; cette parole témoigne de l’amour que Dieu a pour l’homme.
Le vigneron espère que son travail et ses soins permettront de changer la conduite
du figuier et qu’il donne des fruits. C’est une bonne nouvelle pour le figuier : tout ne
repose pas sur lui, le vigneron va prendre soin de lui. La réponse du vigneron nous
révèle l’amour de Jésus pour les pécheurs.
Nous croyons que l’amour c’est de nous sentir « bien » avec quelqu’un que l’on
aime et qui nous aime. C’est vrai. L’amour c’est aussi de se laisser toucher comme Dieu s’est
laissé toucher par les cris et la souffrance de son peuple. Jésus va plus loin en nous révélant,
dans le mystère de l’incarnation, l’amour qui sort du coeur de la Trinité pour l’humanité qui
s’enfonce dans la stérilité du coeur. Jésus s’est incarné pour nous témoigner de cet amour. Il est
venu à la rencontre de l’homme au coeur endurci ; Jésus est venu nous tendre la main de la part
de Dieu. La saisir ou l’ignorer dépend de notre liberté.
Entrer dans cette manière d’aimer à la manière du Christ est d’une fécondité
extraordinaire. C’est ce que nous sommes appelés à vivre pendant ce Carême : une
conversion. Il faut du temps pour consentir à accueillir le vigneron dans nos vies. Saint
Paul relisant la sortie d’Égypte, va jusqu’à dire du peuple à la suite de Moïse : « Ils
buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher c’était déjà le Christ » (1Co 10, 4).
Ce rocher nous accompagne dans les joies et les malheurs de nos vies. Au lieu de
rester assoiffés dans le désert de nos malheurs, récriminant contre Dieu, tournons-nous,
re-tournons-nous vers ce rocher-source qui nous accompagne et parlons-Lui.
Abbé Frédéric Fermanel