Notre foi est « corporelle. » Elle passe, d’une part, par notre liberté, au croisement de l’intelligence qui ouvre à la compréhension et d’autre part, par notre corps qui ouvre à l’adhésion, à travers et au-delà de la compréhension. Notre foi n’est pas une collection d’idées ; notre foi c’est quelqu’un en qui nous mettons notre confiance. Notre foi prend corps. La pratique nous ancre dans la communauté chrétienne, elle est pour nous comme la quille d’un bateau qui lui procure son équilibre.
La pratique nous inscrit dans l’histoire. Jésus est mort un jour du temps, il a été mis au tombeau, il est ressuscité. Ceci est inscrit dans l’histoire. La nuit avant son arrestation, Jésus a pris le pain, il l’a rompu et l’a donné à ses apôtres en disant : « Ceci est mon corps qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi ». Et Saint Paul ajoute : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne ». Manger, c’est proclamer la mort et la résurrection du Seigneur, ici et maintenant, corporellement.
Nous communions au corps du Christ. Nous laissons ce corps nous nourrir, soutenir la vie en nous. Lorsque nous communions, nous consentons à Dieu le soin de faire son travail de Dieu en nous. Nous recevons le Christ Jésus dans le sacrement de l’Eucharistie au sein de notre humanité et à travers nous au sein de toute l’humanité pour témoigner d’une Présence. Présence du Christ ressuscité auprès des malades que la vie est plus forte que la mort ; témoigner auprès de celui ou de celle qui ne fait pas le bien qu’il voudrait faire et qui fait le mal qu’il ne voudrait pas faire que la vie est plus forte que la mort ; témoigner auprès de ceux et celles qui n’en peuvent plus d’attendre enfin un geste, une parole d’amour de la part de l’être aimé avec qui ils vivent que Dieu les aime malgré tout …
L’ Eucharistie est le sommet de notre vie chrétienne ici-bas… Elle nous fait entrer dans le mouvement même d’action de grâce du Christ pour l’humanité qui est le sommet de la Création. Dans la Communion nous accueillons le Ressuscité pour qu’il transforme nos vies ternies de tant d’absences, en un Ciel qui resplendit de sa Présence. Communier est un geste d’amour envers Dieu qui vient « alimenter » en nous la Foi, l’Espérance et la Charité. Cette vie trinitaire ne cesse de dimensionner nos vies libérées de l’esclavage à la liberté retrouvée des Enfants de Dieu. Que cette lumière nous accompagne tout au long de notre chemin.
Abbé Frédéric Fermanel.