La Pentecôte est ce moment capital où l’Esprit vient révéler le dessein ultime
de Dieu : unir tous les hommes, tous les peuples, dans une même famille, une
famille bariolée, où chaque langue est parlée sans qu’aucune ne soit imposée.
Un signe qui anticipe sur l’humanité réunifiée en Dieu.
Ce dessein, c’est celui des origines. Lorsque le Seigneur crée le monde, il a
créé une unique humanité en Adam pour que, comme le dit le midrash sur le
Genèse, nul ne puisse dire qu’un peuple est supérieur à un autre parce que
son ancêtre serait plus ancien. De même, lorsqu’il choisit Abraham, il lui dit :
« En toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gn 12,3b). Le peuple
d’Israël est élu non pas contre, mais pour le bien de tous les autres peuples,
pour que l’on sache que le Seigneur aime vraiment chacun de manière unique.
C’est un peuple de témoins et nous aussi nous sommes appelés à témoigner :
« Vous aussi vous rendrez témoignage ». C’est la première Bonne Nouvelle :
L’Esprit Saint unifie l’humanité tout en respectant chaque peuple, chaque culture.
Avec les Actes des Apôtres, nous pourrions croire que tout est arrivé ! Tout
est là. Mais l’Évangile nous dit que ce n’est pas si simple et cela aussi est une
Bonne Nouvelle ! Il nous dit que l’Esprit Saint vient nous « introduire » à
« la vérité tout entière », vient nous « guider » sur un chemin. Comme
lorsqu’on guide un enfant le long d’un sentier de montagne. Nous ne sommes
pas à la fin de l’histoire, ni celle de l’humanité ni la nôtre. Il y a encore des
ombres. Il y a des choix à faire, des décisions difficiles à prendre. L’Esprit
Saint survient parfois d’un coup, avec force, comme dans les Actes. D’un
autre côté, il survient parfois « comme le souffle d’une brise légère » (1R 19,12).
L’Esprit nous guide patiemment, discrètement, doucement. Pourquoi ? Jésus
nous le dit : Parce que nous n’avons la force pour tout porter. L’Esprit n’est
pas violent, et pour que nous puissions vraiment recevoir Dieu lui-même, il
faut qu’il nous y aide, qu’il vienne en aide à notre faiblesse. Paul l’a dit aux
Romains avec des mots inoubliables : « L’Esprit vient au secours de notre
faiblesse ; car nous ne savons pas prier comme il faut ; mais l’Esprit luimême
intercède pour nous en des gémissements ineffables, et…nous savons
qu’avec ceux qui l’aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien » (Rm 8,26.28b).
C’est la seconde Bonne Nouvelle : L’Esprit saint unifie notre coeur en sachant
que nous sommes des êtres fragiles qui ne pouvons tout porter d’un coup.
Oui vraiment réjouissons-nous : « Ils furent tous remplis de l’Esprit Saint… et
chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. » Nous avons reçu l’Esprit, celui
qui est promis à tous les peuples, chacun selon sa culture, et nous le recevons
chacun personnellement, à sa manière, selon ce que nous pouvons porter et
recevoir.
Abbé Frédéric Fermanel
Pour que tous soit un !
18 mai 2024