« Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce ». Avec Jésus, l’ancienne alliance est finie. La nouvelle alliance annoncée par les prophètes est là, radicalement nouvelle.
Mais qu’est-ce qui est fini ? Certainement une manière d’obéissance à la Loi mais aussi le fait de vivre la relation à Dieu comme l’accomplissement d’obligations religieuses. Ce qui est fini c’est d’offrir à Dieu des sacrifices au lieu de lui parler. Des cadeaux qui coûtent cher au lieu d’une vraie présence. En effet, nous pouvons faire des choses pour lui ou pour le prochain sans l’aimer vraiment. Un peu comme des parents qui combleraient leurs enfants de beaux cadeaux mais n’auraient pas le temps de passer une demi-journée avec eux. Des cadeaux vides de présence. Des cadeaux sur lesquels on ne peut pas s’appuyer. En fait des obligations religieuses, même difficiles, c’est rassurant. On a fait ce qu’on doit et ça va, on est en règle. Il n’y a pas à critiquer cette position qui cherche à vivre les dix commandements (1re lect.). Jésus parle à des personnes qui vivent déjà cela. Mais il les conduit plus loin. Jésus les appelle à aimer. Aimer Dieu et son prochain, être largement ouvert à l’imprévu de Dieu, du frère, de la vie.
A la manière des prophètes, Jésus pose un geste public, un geste qui marque les esprits. Lorsqu’il prend le fouet, au tout début de sa vie publique, Jésus prend un très gros risque. Il se brûle face aux autorités d’Israël pour dire quelque chose aux hommes de son temps et à nous aujourd’hui. En prenant ce risque Jésus s’engage pour nous. C’est ainsi qu’il nous aime. Parce qu’il y va de la vie et de la mort, de notre vie et de notre mort. En posant ce geste, c’est une onde de choc qui se propage tout au long de sa vie, jusqu’au jour où le rideau du temple se déchirera par le milieu à la mort de Jésus sur la croix.
Le nouveau Temple dont il parlait c’était son corps, c’est Jésus lui-même. Son corps offert librement, d’où monte une parole vers Dieu : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime alors j’ai dit : voici je viens » (Ps 39,7). Et le Corps du Christ d’où monte la parole vers Dieu c’est nous, l’Église, corps appelé à la sainteté. Corps rassemblé par la Parole autour du Christ qui s’offre à son Père dans l’eucharistie, corps qui écoute son Seigneur et qui lui parle en s’adressant à lui dans la louange et la supplication. En entendant nos voix le Père entend la voix de son fils lui dire pour le monde : « Abba, Père ».
Ab. Frédéric Fermanel