La Résurrection, ce n’est pas seulement le « oui » de Dieu à Jésus. C’est, en lui, le « oui » de Dieu, à l’humanité, et au-delà, à la vie qu’il a créée. L’Écriture nous apprend qui est ce Dieu. La Résurrection dit l’identité même de Dieu. Il est un Dieu vivant, Un Dieu qui aime, qui aime la vie et qui nous aime. De quel profit nous serait un Dieu qui ne nous aimerait pas vraiment ? La Résurrection était ainsi inscrite en filigrane dans « toutes les Écritures », non pas comme un miracle arbitraire, mais comme le sens même de tout le créé, comme le nom même de Dieu. Vendredi nous avons entendu le poème du Serviteur souffrant du prophète Isaïe (52-53). Nous savons que Jésus s’est profondément identifié à ce Serviteur. De lui, il est dit que, « s’il offre sa vie », alors, « par lui, la volonté du Seigneur s’accomplira. » Et que dit ce chant de la Résurrection ? « A la suite de l’épreuve endurée par son âme, il verra la lumière et sera comblé » (Is 52,10b.11a). Encore plus étonnant, il est dit de ce Serviteur qu’il « sera élevé et exalté » (Is 52,13). Il est dit de lui ce qui était dit de Dieu même au début du Livre ! Ressusciter, c’est être là même où est Dieu, c’est être soi-même en Dieu même.
Si nous sommes appelés à vivre avec le Dieu vivant, le Dieu qui aime la vie et qui la redonne, comment alors ne pas nous mettre au service de cette vie ? Plus que jamais, dans une France et une Europe qui s’acharnent à détruire tous les repères de notre société, nous sommes appelés à protéger la vie : Ne pas nous laisser fasciner par les tombeaux mais par les berceaux, non par les violents mais par les doux, non par ce qui est mort en nous mais par ce qui ne demande qu’à vivre, non par les murmures du découragement mais par la voix discrète de l’Espérance. Comment cela se fera t-il ? L’Évangile nous donne lui-même la réponse : en nous laissant aimer.
Marie-Madeleine avait été guérie par Jésus. Elle avait pour lui une reconnaissance infinie. Elle lui était attachée. Pourtant ce n’est pas elle dont il est dit qu’elle a cru. Simon-Pierre avait été choisi par Jésus. Il avait pour lui un enthousiasme débordant. Il lui était attaché. Pourtant ce n’est pas lui dont il est dit qu’il a cru. Il s’agit d’un disciple anonyme, un disciple dont nous ne savons qu’une seule chose, la seule qui compte, c’est que Jésus l’aimait. Ce qui nous permet de croire, c’est l’amour du Christ pour nous. Croire en la Résurrection, ce n’est finalement rien d’autre que de croire que nous sommes aimés. Chaque fois que nous nous laissons aimer, nous goûtons la joie du matin de Pâques.
Abbé Frédéric Fermanel