Jésus, dans sa prédication, a toujours refusé de sombrer dans le catastrophisme. Il a refusé de jouer sur la peur avec le coeur des hommes, grande pourvoyeuse de sectes et autres fondamentalismes. Bien sûr, dit-il en substance, il se produira des événements épouvantables. Mais, n’ayez pas peur ! Ces violences spectaculaires ne sont pas grand-chose en comparaison de la violence intérieure qui ronge le coeur des hommes. La clé de la vie n’est pas dans la puissance des armes, des virus, des typhons. La clé de la vie est dans le coeur des hommes.
A la violence extérieure et spectaculaire, Jésus oppose la violence intérieure : la violence qui peut être faite à quelqu’un quand on lui demande de renier ses convictions, de parler contre sa conscience, d’agir contre sa foi : devant un tribunal, devant des bourreaux – j’ajouterai : devant une urne électorale –, devant les formes de chantage, subtiles ou grossières, de grande ou petite conséquence, qui se rencontrent tous les jours dans la vie sociale, économique, politique, familiale parfois. Là est la vraie violence, là est le vrai courage. Courage de ne pas parler contre sa conscience, de ne pas agir contre sa conscience. Courage de ne pas adopter le double langage. Courage d’agir et de parler comme si tout ce qui est secret, tout ce qui est caché au fond des cœurs, devait un jour être proclamé sur les toits. « Que votre oui soit oui, que votre non soit non ! »
C’est à ce courage-là qu’invite Jésus, dans tout l’Évangile, pas seulement dans ce passage. Il invite à ne pas céder à la peur, à la panique qui saisit notre intérieur. Bien sûr, ce courage n’est pas sollicité tous les jours dans notre vie, somme toute protégée, de citoyens français. Nous savons qu’il est des circonstances pourtant où ce courage peut être héroïque, à commencer par la défense des tout-petits, des plus fragiles et des valeurs qui fondent la famille. Nous savons que c’est ce courage qui est à l’origine des plus belles pages de l’histoire de l’Église et de l’humanité encore aujourd’hui.
Ce courage-là, Jésus l’a eu comme personne. Il a vaincu en lui la peur. Il a trouvé dans la confiance en son Père, dans la confiance en la parole du Père, la force de traverser sa peur. Écoutons-le nous dire : « N’ayez pas peur ! Confiance ! J’ai vaincu le monde ».
Abbé Frédéric Fermanel