Dans l’Évangile, on trouve souvent des gens privilégiés : les pauvres héritent du Royaume au détriment des riches ; les pécheurs sont appelés et non les justes ; les enfants et leurs pareils entrent dans le Royaume et non les puissants, et ici les gens incultes reçoivent la révélation du mystère de Dieu, c’est-à-dire la connaissance intime qu’à le Père du Fils et Celui-ci de son Père. Cela reste caché aux sages et aux savants.
Pourquoi ces gens qui ne possèdent rien de ce qui attire habituellement l’attachement ou l’estime (ni la richesse, ni la puissance, ni la culture religieuse, ni la perfection morale) sont-ils privilégiés de Dieu ? « Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté », nous répond Jésus. En portant sa tendresse sur ces êtres démunis, Dieu révèle qu’il n’aime pas par convoitise, mais gratuitement, non pour les mérites de l’autre, mais pour le faire grandir et l’épanouir. Qui se veut le disciple de Jésus et prend le joug de son commandement d’amour entre dans la compréhension de ce mystère où il trouve joie et soulagement. « Venez à moi ! » Jésus promet ce que lui seul peut réaliser. Auprès de lui se trouve le repos. Le Christ peut rendre légers ces fardeaux qui alourdissent notre âme. Il veut porter avec nous ce fardeau qui nous accable, celui de la souffrance, de la maladie, de la solitude, de la fatigue, du deuil… Mais cela ne sera possible qu’à une condition : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur » (Mt 11,29).
Prendre le joug du Seigneur, c’est accepter de marcher à ses côtés, au même rythme que Lui, ou plutôt Lui au même rythme que nous… De recevoir de Lui cette force de vivre et d’avancer…
Ainsi pour Paul, le baptisé ne trouve plus le principe de son existence et de son agir en lui-même, mais dans l’Esprit de Jésus qui l’habite. Certes, il reste un être voué à la mort et marqué par le péché. Pourtant, si l’Esprit a donné vie au Christ en le ressuscitant d’entre les morts, pourquoi ne serait-il pas aussi efficace en nous ? Sans même attendre notre propre résurrection, déjà, si nous lui sommes fidèles, l’Esprit nous donne une vie nouvelle qui est ouverte à Dieu et à nos frères.
Abbé Frédéric Fermanel