Le grand thème de ce dimanche, dans la foulée des lectures de cet été, c’est le pardon : la renonciation à la colère, à la rancune, le pardon proprement dit, « que tu oublies l’erreur de ton prochain ». Pardonner jusqu’à « soixante-dix sept fois sept fois » nous rappelle l’évangile de saint Mathieu. Un pardon qui doit aller au-delà de nos limites d’hommes, s’effacer devant la logique de Dieu dont la miséricorde révélée dans le Christ Jésus donne du sens à nos vies comme à nos morts nous dit saint Paul. Nous devons pardonner, toujours pardonner et il n’est rien qui ne doive être pardonné, parce que chacun de nous à déjà fait l’expérience d’être délié dans la vérité pour être rendu à la Liberté.
Combien de pardons qui attendent que je les donne ? Petits et grands, tous importants pour que Dieu me pardonne autant et tous requis d’autre part parce que Dieu et des hommes m’ont à moi-même beaucoup pardonné. Le pardon, avant même de parler de remise du péché, est ce qui défait les fatalités, les cercles vicieux, les noeuds de vipères de la jalousie, de l’envie, de la haine. Le pardon de Dieu, dit le Psaume 102, « réclame ta vie à la tombe » : il est la manifestation de la puissance de la vie du Ressuscité en nous. Tout pardon donné par nous est aussi un acte de résurrection.
La question qui nous est posée par les textes liturgiques de ce dimanche, va donc très profond en chacun, nous atteint comme à la jointure du mal et du bien. Au lieu où le mal peut être surmonté, dépassé. Et il n’est rien sans doute de plus important dans la vie d’un homme que de se laisser réconcilier avec soi-même. Notre amour-propre pourra bien reculer : il en va pourtant d’une juste estime de soi que seul un regard bienveillant pourra restaurer. Approchons-nous de ce Roi, dont le regard ne s’arrête pas à ce que nous lui devons mais nous donne encore et encore pour que nous lui ressemblions.
Abbé Frédéric Fermanel