Ce signe magnifique de la vie qui se donne au coeur de l’humanité blessée est lumineux pour les uns et obscurs pour d’autres. L’aveugle-né croit que Jésus est le Fils de l’homme ; les autorités religieuses du Temple diront finalement de Jésus : « Cet homme est un pécheur », parce qu’il n’observe pas le sabbat. Pour les autorités religieuses de la synagogue Jésus n’est pas la lumière du monde ; ils ne reçoivent pas Jésus comme l’envoyé de Dieu.
Comment pouvons-nous nous-mêmes participer à ce refus du Christ ? Quel peut être finalement notre aveuglement ?
D’abord, par rapport au malheur qui frappe dans nos vies, en particulier le malheur innocent. Il peut nous arriver de nous éloigner de Dieu à cause du malheur, de douter de Lui, de sa bonté et de sa puissance, d’avoir honte de nous-même sans qu’il y ait de motif ; et finalement de ne pas pouvoir nous tenir aux côtés de la Vierge Marie qui est restée debout dans la foi, malgré sa souffrance, au pied de la croix, de nous enfuir comme beaucoup de disciples. Là, il y a un lieu où nous sommes éprouvés et tentés et il peut nous arriver de succomber à la tentation en nous enfuyant dans la colère, le ressentiment, la provocation ou des actions insensées par dépit ; « c’était n’importe quoi » dirons-nous ensuite. Oui, nous pouvons demander pardon au Seigneur pour cet éloignement ou, au moins, lui demander de nous révéler nos éloignements et choisir de revenir à Lui de tout notre coeur en nous tenant debout dans la foi.
Ensuite, par rapport à nos évidences, lorsque nous sommes comme aveuglés par des attraits sensibles et parfois des convictions qui nous séduisent et captent toute notre attention et notre coeur de manière désordonnée. Il peut nous arriver de rester collés à ces attirances, d’être mentalement bloqués, trop sûrs de nous comme le furent les autorités religieuses du temps de Jésus, plutôt que d’écouter la voix du Seigneur de la vie qui vient à nous d’une manière qui dérange notre système.
Nous sommes alors appelés à entrer dans un chemin d’humilité comme l’aveugle qui s’est laissé guider par la voix de Jésus : les yeux couverts d’une boue qui manifeste davantage encore sa cécité, il a marché vers la piscine de Siloé, sans voir son chemin, en obéissant à la parole de Jésus ; il a cru l’envoyé de Dieu et il a fait ce que Jésus lui avait dit. Il arrive que nous ne voyions plus où est le chemin, que nous soyons perdus, alors trouver le chemin c’est croire ce que Jésus nous dit dans l’Évangile et le mettre en pratique dans la foi, et non dans l’évidence ou le sentiment. Voilà notre appel !
Il n’y a que ceux qui consentent à reconnaître leur aveuglement qui pourront aller un jour à la piscine de Siloé ou retourner de leur plein gré à la fontaine baptismale et, debout dans la foi, y être illuminés par le Christ.
Abbé F. Fermanel