La sagesse nous la désirons tous, certains la recherche, beaucoup hésitent devant l’investissement personnel qu’elle exige. C’est ce que les textes d’aujourd’hui tentent de nous faire percevoir d’une certaine manière. Dans la mesure où nous cherchons à être fidèles à notre foi, il faut entendre le Seigneur nous dire : Veillez !
« Veiller » ce n’est pas s’endormir. Pourtant le risque est grand de réduire le christianisme à de grandes considérations sur le Royaume de Dieu, comme un au-delà de nos existences, un horizon pour pallier la fatigue lourde des jours qui s’écoulent, sans but, semble-t-il ! Et justement quand nous nous mettons à comparer notre vie terrestre et la vie éternelle à laquelle nous sommes promis par notre baptême, il y a quelque chose de faux, de pas vraiment adapté qui se découvre, un peu comme si nous avions la tentation de ne pas regarder autour de nous la tristesse et les malheurs de la vie présente, d’être de ces « chrétiens qui traversent les champs de bataille une rose à la main » comme disait Nietzsche. Et ceci peut se manifester à propos de tout ! Devant la misère du monde ou la souffrance de notre voisin, notre devoir n’est pas de nous contenter de prier, même si cela est nécessaire. Le salut du monde passe aussi par les œuvres bonnes : c’est elles qui manifestent que nous sommes en attente de l’Époux. « Veiller » ne signifie pas accumuler les sécurités mais bien plutôt : être là pour faire face aux évènements, en prenant nos responsabilités. « Veiller » c’est être prêt, au sens où nous avons bien conscience de marcher en présence de Dieu, du Dieu Vivant. « Veiller » c’est être présent, au moment où l’Époux arrivera, être tout entier là pour le recevoir, le reconnaître, le manifester. « Veiller », c’est être attentif à notre prochain, pour le faire grandir en responsabilité et non pour faire à sa place…
Jésus est bien l’Époux : c’est bien Lui qui nous redit que la vérité de notre foi ne peut s’exercer que si nous cessons de regarder le Ciel (c’est d’ailleurs ce qui sera dit aussi aux disciples après l’Ascension), cesser de regarder le ciel pour regarder vraiment la terre. Être chrétien, c’est être réaliste, au sens où nous ne fuyons pas le monde, mais nous y sommes tout entiers. Nous ne sommes chrétiens que si nous exprimons notre foi en Dieu et notre amour pour Lui à travers le service de nos frères. Si nous croyons à la résurrection, alors que cela soit une lumière dans nos actions, et non une fuite des réalités.
Abbé Frédéric Fermanel