Si nous nous demandons où est notre place dans la Trinité, la réponse est claire : notre place auprès du Père, c’est d’y être comme fils, avec le Fils unique, vivant du même Esprit – cet Esprit qui assure notre communication filiale avec Dieu, et notre communication fraternelle avec les autres.
C’est donc le Fils qui nous mène au Père, dans l’Esprit. C’est lui qui nous introduit dans la vie qui fait battre le coeur de Dieu. Et c’est pourquoi l’originalité absolue du christianisme c’est de croire au Christ, comme en Celui qui nous fait vivre. C’est ce que nous dit encore Saint Jean : « Dieu nous a donné son Fils pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie. »
C’est dire que le Christ nous mène vers un Dieu que nous savons maintenant appeler par son nom : non pas Dieu-juge, mais Dieu-sauve, non seulement Dieu avec- nous, mais Dieu-pour-nous, toujours.
Nous disons « Dieu a tant aimé le monde… », mais cette phrase est à mettre au présent : Dieu aime le monde – et il continue à montrer qu’il l’aime en nous envoyant vers lui, nous, ses enfants, pour l’aimer – et l’aimer d’autant plus qu’il est plus pécheur et plus loin de son Père. Telle est la mission qui nous est confiée. Tel est aussi le risque que Dieu prend avec nous, car il dépend en partie de nous de faire réussir le dessein de Dieu, de faire que sa parole créatrice de paix, de justice et d’amour, continue à s’incarner dans l’humanité, comme elle a pris corps, un jour, en Jésus de Nazareth.
Cette dépendance à Dieu dans la foi est dérisoire ou insensée pour une conscience contemporaine. Elle est ressentie par l’homme d’aujourd’hui comme une contrainte intolérable et aliénante, qui nous empêche de grandir. Pourtant, depuis deux mille ans et aujourd’hui encore, tous ceux qui tentent l’aventure de la foi peuvent en témoigner : cette foi au Christ ouvre en nos coeurs un chemin infini de vie, de paix, de liberté, de force, de patience, d’espérance. Ce sont là les fruits de l’Esprit, dirait Saint Paul : cet Esprit qui nous parle au coeur en nous redisant sans cesse que nous ne sommes pas des enfants perdus. Que tous, nous avons notre place dans la Famille de Dieu qui déjà commence avec l’Église. Ne nous lassons pas de manifester le projet de Dieu au monde et de lui dire l’Amour d’un Père.
Abbé Frédéric Fermanel.