L’essentiel est invisible à nos yeux

16 juin 2024

« Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il
ne sait comment. » On a appelé cette parabole : « le grain qui pousse tout
seul. » Effectivement, tout se passe comme si personne ne s’occupait de ce
grain jeté en terre, comme si le paysan se désintéressait de ce blé qu’il a semé.
Dès qu’une graine est jetée en terre, elle commence dans le secret une
fantastique alchimie de la matière, une série de merveilles invisibles. Que
l’homme s’en tracasse ou non, elle pousse et se développe. Ce qu’il y a de plus
important dans cette vie qui grandit, ne dépend pas de lui. Une fois qu’il a
enfouit les grains, une relation dynamique s’établit entre la semence et la
terre.
En attendant le « temps de la moisson », un processus de croissance est à
l’oeuvre. C’est une illusion de penser que rien ne se produit. On ne voit pas ce
qui se passe, mais la vie se développe vraiment. « L’essentiel est invisible à
nos yeux », disait le renard au Petit Prince de Saint-Exupéry. Ce qui arrive en
nous et autour de nous est souvent de cet ordre-là : une force cachée,
imperceptible, qui s’active sans que nous en soyons conscients.
Jésus indique aussi qu’il en va de même notre effort à répandre le message
de la Bonne Nouvelle.
« L’essentiel est invisible à nos yeux ». Cette petite parabole nous rappelle
que pendant que la vie éclate de toutes parts autour de nous, nous devons
apprendre à être calme, à ne pas nous agiter, à dormir tranquillement. Saint
Paul disait qu’au lieu de se construire soi-même, le chrétien doit se laisser
façonner par la grâce de Dieu. Le Seigneur est comme le sculpteur qui
n’empile pas pierre sur pierre mais qui enlève ce qu’il y a de trop dans le bloc
de marbre qu’il travaille. Ainsi le chrétien doit se laisser modeler en toute
confiance. Il doit aussi s’en remettre à Dieu pour le développement de la foi
autour de lui. « J’ai semé, Apollon a arrosé, mais c’est Dieu qui donne la
croissance », affirmait saint Paul.
Personne ne peut se sauver grâce à ses propres oeuvres. Ce sont la foi et la
grâce qui nous accordent le salut. Le grain de blé contient une force de
croissance interne qui lui est donnée par Dieu. Grâce à cette courte parabole
de saint Marc, nous comprenons une fois de plus, que l’évangile n’est pas
d’abord une « leçon de morale ». Elle est « révélation » de Dieu qui nous a
créés et a donné à la nature ses lois de développement et de croissance.
L’action de Dieu est présente, même si nous ne la voyons pas.
Abbé Frédéric Fermanel