La parole de Dieu, dit saint Paul, ne peut être enchaînée, même par la mort. Voici donc un nouveau matin, une nouvelle aube des temps. Un homme nouveau. Une femme s’avance à pas rapides : elle ne pense sans doute pas à tout cela ; Marie Madeleine n’a probablement qu’une idée : être encore près de Lui une dernière fois, toucher une dernière fois avant qu’il ne soit englouti totalement dans la grande mort. Quelle surprise en découvrant la pierre roulée ! Sans même entrer dans le tombeau, elle court trouver ceux qu’elle connaissait bien, Pierre et Jean, pour les avertir de ce qu’elle a vu, et de ce qu’elle craint : On a enlevé le corps de Jésus. Où l’a-t-on mis ? Où le chercher ?
Pierre constate que tout ce qui avait appartenu à Jésus dans sa mort, linceul et linge mortuaire, sont restés là. Le Vivant n’a pas besoin de vêtements de mort. Jean, dont le coeur fut si proche de Jésus, voit et croit !
Et voilà la rumeur qui va naître, l’incroyable est arrivé ; Il a réalisé ce qu’Il avait promis. La rumeur qui enfle, ne s’arrêtera plus. Traversant les siècles, se transmettant de génération en génération, jusqu’à nous ce matin, elle réveille et relève, à chaque époque, et dans chaque histoire particulière, ce qui n’attend qu’un signal pour reprendre à la mort ce qu’elle a cru tenir captif.
Les destinataires du message n’ont que la parole et les actes des témoins pour fonder leur foi. Et pourtant, le miracle des miracles, celui qui porte témoignage à la puissance de la résurrection, c’est que vingt siècles après la mort de Jésus de Nazareth, des hommes et des femmes continuent à croire, décident de miser leur existence sur cette foi en la résurrection qui est aussi pour eux - pour nous - promesse de vie. La « preuve » de la foi, c’est notre foi elle-même. Une foi au Dieu qui avec de la mort fait de la vie (cf. Rm 4,17). Jésus vivant nous faits déjà vivre. Et nous croyons que Jésus appelle les hommes à le rejoindre par-delà la mort.
Nous pouvons déjà voir des signes de la Résurrection à chaque fois que nous choisissons d’aimer. Et nous savons bien ce que cela peut signifier pour chacun de nous. Si rien de ce que nous vivons avec amour est perdu, si seul l’amour permet à la vie de passer, alors il nous faut faire le choix d’aimer. Un choix qui suppose de renoncer à nous-mêmes, à notre toute-puissance, pour nous donner à l’autre, aux autres. Sur ce chemin, il nous faut consentir à nous laisser aimer. Consentir aussi à nous laisser instruire par celui qui a été jusqu’au bout de l’amour. Dans cette aventure humaine, la seule qui vaille, nous savons depuis cette nuit que nous ne nous tromperons jamais en empruntant le chemin du Christ
Abbé Frédéric Fermanel