Chaque année, le temps de l’Avent prépare nos cœurs à revenir vers Noël et recevoir le don de Dieu comme il doit être reçu, non comme un dû, mais comme une grâce, un sourire de Dieu, sur lesquels nous n’avons aucun droit. Nous verrons dans l’Enfant de la Crèche la réalisation cachée, bien cachée, de ces promesses faites à Israël. En lui et autour de lui, le monde est comme visité de l’intérieur par la lumière du ciel, « le boeuf connaît son possesseur et l’âne la crèche de son maître » (Is 1,3), des étrangers mis en mouvement par une étoile viennent s’incliner devant le Messie juif, le coeur des pauvres est consolé par une soudaine lumière qui troue la nuit… À nous de savoir vivre de ces dons : les avoir sans les posséder (un peu comme une maman attend l’enfant qu’elle porte déjà en elle), et d’attendre avec une ardente espérance qu’ils portent tous leurs fruits en nous et pour le monde.
Nous avons besoin de retrouver cette vérité de l’Espérance, une Espérance qui ne soit pas seulement individuelle (le paradis à la fin de mes jours) mais large, communautaire, réunissant l’humanité entière et — pourquoi pas ? — le cosmos, une espérance à la fois charnelle et spirituelle qui recueille l’homme tout entier, car ce n’est pas pour rien que Dieu a créé ces visages, ces regards, cette vie qui bat dans nos veines. Notre histoire sur terre n’est pas qu’une illusion, nous y creusons un sillon, qui, certes, doit être purifié, mais qui déboucheras en moissons éternelles. Apprenons à y fréquenter un Dieu imprévu, qui n’a pas dit son dernier mot et qui nous surprendra toujours.
Abbé F. Fermanel