À la loi du Premier Testament, Jésus semble ajouter une morale impossible à tenir, comme un contrôle parfait des pensées et du coeur.
Jésus n’a rien d’un moraliste pointilleux qui déclinerait des règles de bonne conduite, rajoutant aux interdits de la loi mosaïque. Avec toute sa douceur, il nous appelle à la sainteté. Certes, il connaît nos pauvretés humaines, mais il sait aussi tout ce que nous pouvons devenir : des ressuscités avec lui. Il dit « accomplir » la Loi et les Prophètes, le Premier Testament. Accomplir, c’est autrement dit magnifier, donner toute sa plénitude. Le but de la Loi, c’est l’homme debout.
Jésus nous offre un chemin de Résurrection, un chemin de divinisation. Nous avons à devenir et à agir comme lui, Jésus, qui accomplit les Écritures. Et comment le fait-il ? Nous le voyons en Mt 22, 36-40 : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
Et Jésus donne des exemples. Aujourd’hui, il parle de la douceur des gestes, de la droiture du regard, de la sincérité des paroles. « Va d’abord te réconcilier... Si ton oeil droit entraîne ta chute, arrache-le... Que ton oui soit oui... ».
Douceur et non-violence dans les relations humaines sont choses difficiles. Sans en arriver au meurtre, les tensions ne manquent pas, ni les rancoeurs. Pourtant, il nous reste possible de donner le meilleur de nous-mêmes, si nous vivons dans la prière et dans la réconciliation fraternelle. « Va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. »
Ce n’est bien sûr pas tout désir d’un homme pour une femme que condamne Jésus, mais de s’approprier l’épouse ou la fiancée d’autrui. Il nous est difficile de regarder les autres sans que nos yeux ne soient troublés par la convoitise consentie ou la jalousie... Voilà pourquoi Jésus nous offre de voir le monde comme il le voit : par un regard qui grandit l’autre, qui le respecte et n’en fait pas un objet.
La parole vraie, le langage clair sont nécessaires pour vivre en commun dans la confiance mutuelle. Notre langage doit devenir si vrai qu’on n’aurait pas besoin de serment… Jésus nous offre à chacun un chemin de lumière et de vérité.
C’est une parole qui conduit l’homme au coeur de lui-même : Que ta bonté advienne, que ton amour soit beau, que ton langage soit vrai ! « C’est à nous que Dieu, par l’Esprit, a révélé cette sagesse. Car l’Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu » (2e lect.). Oui, avec la grâce de Dieu, « si tu le veux, tu peux observer les commandements » (1re lect.)
Abbé Frédéric Fermanel