Chaque homme ou femme se revendiquant du Christ reçoit une vocation personnelle qui lui est propre. Cet appel particulier peut se discerner dans une atmosphère de prière, s’imposer à la personne dans une sorte d’illumination ou bien encore être révélé par une tierce personne. Comme saint Paul, nous aspirons à rejoindre le Christ, mais « si en vivant en ce monde », nous arrivons « à faire un travail utile », alors notre choix est de vivre la mission.
L’appel évolue en fonction des circonstances extérieures, ainsi la vocation d’être parent change en même temps que l’âge de l’enfant : un nourrisson n’a pas les mêmes besoins qu’un adolescent ou un adulte, avec l’aide de Dieu les parents essaient de faire pour le mieux en transmettant l’amour de la façon dont ils sont capables.
Dans notre vie, la vocation qui nous semblait être la nôtre se développe, s’affirme, s’épanouit au fil du temps mais elle ne sera jamais achevée : le Seigneur a toujours « du grain à moudre » pour chacun de nous. Saint Paul aurait pu être découragé en constatant que les communautés qu’il a fondées ou visitées se déchirent (cf. 1Co 1-3) et ne suivent pas l’Évangile qu’il leur a annoncé (cf. Gal 1,6-8). Il aurait pu demander dans sa prière à être relevé de ce ministère mais il préfère rester et conforter l’emprise de la Bonne Nouvelle auprès de ceux qui l’ont écouté.
De même nous pouvons – de temps en temps – être découragés devant une mission qui ne va pas aussi bien que nous voudrions et qui nous paraît stérile ou vide de sens. Ce serait oublier qu’une graine jetée avec l’aide du Seigneur pousse toujours, jamais aussi droite et aussi forte que nous l’aurions souhaitée, quelquefois trop lentement à notre goût, mais elle pousse à son rythme, suivant la richesse de la terre où nous l’avons mise et la conviction avec laquelle nous l’avons semée.
Saint Paul ne pouvait pas imaginer en écrivant aux croyants de son époque que ses exhortations seraient lues avec un grand bénéfice spirituel pendant deux millénaires : il répondait à un besoin immédiat. De même lorsque nous portons l’Évangile ici et maintenant nous ne nous rendons pas compte de l’impact que cela peut avoir, nous répondons simplement à l’appel de Dieu, sans réaliser que nous touchons davantage de personnes que celles à qui nous pensons nous adresser.
Être avec le Christ, ce n’est pas seulement le rejoindre dans le Royaume, mais c’est aussi – et surtout – le rejoindre dans sa mission quelle que soit l’heure à laquelle nous avons entendu l’appel !
Abbé Frédéric Fermanel