C’est par grâce de Dieu que nous sommes sauvés. Ce n’est pas notre œuvre, cela ne vient pas de nos actes : c’est un « don de Dieu ». Posons-nous ici une question : Est-ce nous humilier misérablement, est-ce mépriser la grandeur humaine et notre liberté que de reconnaître cette grâce et cette libéralité ?
Jean-Paul Sartre voyait une contradiction entre Dieu, fût-il bon, et la liberté : tout doit venir de moi… La réponse pourtant c’est que le mystère de l’homme justement est d’être grand par autrui, en s’ouvrant à l’autre ; d’être suscité par autre que soi, à sa création comme à sa rédemption et libération. L’être tout court, peut-on dire en définitive, est ouverture, pas enfermement en soi. Notre richesse c’est d’être appelés, d’être confortés par-là : par plus grand que nous, si proche de nous…Il y a tout de même quelque chose qui doit venir de nous, qui ne peut venir que de nous. Il faut croire, dit l’Évangile, se livrer dans la confiance. Celui qui croit est sauvé. Nos bonnes œuvres participent également à notre salut, mais elles ne deviennent chemin de perfection que si nous nous laissons façonner par l’Esprit pour devenir nous-mêmes l’œuvre de Dieu.
Précision importante : celui qui croit vient à la lumière, c’est dire qu’il y a dans le salut dont nous parlons, une libération mais aussi une illumination. Nous savons que l’homme de toute manière vit de lumière, il est intelligence et clarté, il voit, il embrasse par l’esprit. Que serions-nous si nous n’avions pas cette extraordinaire capacité ? Par la croix et la résurrection de Jésus, celui qui croit en lui reçoit beaucoup de lumière. Il comprend le monde, toute notre civilisation, toutes nos entreprises dans une perspective large, totale. Ces entreprises, ces initiatives des hommes, ce ne sont pas là de toutes petites parties d’être ou d’action mais des parts d’une aventure de portée infinie, nous sommes assumés dans… l’œuvre du Christ, dans la vie de Dieu, pas moins. Nous voyons, entrevoyons du moins, tout ce vaste horizon en croyant. La vie du Christ, en dépit de la mort, passe en éternité, et notre vie avec la sienne.
Ab. Frédéric Fermanel