Marthe et Marie, deux figures bien connues...Marthe sait être efficace, réaliser une tâche utile, tandis que Marie sait prendre le temps d’écouter Jésus, la Parole de Dieu.
Marthe est absorbée par les multiples tâches du service, elle s’agite et se soucie, et enfin elle proteste contre sa sœur. En oubliant la raison de son service, l’amour de Jésus, Marthe s’agite plus qu’elle n’agit. Elle perd ainsi le jugement sur ce qui l’entourent et la discorde s’installe entre ceux qui devraient être unis. Elle est absorbée par les tâches, son regard se limite à ce qu’il y a à faire. Elle oublie pourquoi elle sert, pour qui elle rend service. L’accueil chez Marthe est perturbé par une inquiétude ! Or, la valeur de nos actions tient au « pourquoi », au « pour qui », au motif de notre action. Si notre regard reste fixé sur la matérialité de nos œuvres nous en perdons le sens et la finalité. En perdant le sens du service, on perd aussi la joie et la paix intérieure. Entre s’agiter et récriminer ou écouter paisiblement la Parole de Dieu, la meilleure part est facilement discernable. Si nos services et notre travail ne trouvent pas un sens positif dans l’amour, ils deviennent un esclavage dont il faut se libérer. Notre travail, nos services, prennent place et sens dans la perfection de la charité.
Marie, elle, est assise aux pieds de Jésus, aux pieds de la Parole vivante, aux pieds de Celui qui est lumière du monde. Elle demeure là, écoutant la parole d’amour. C’est une attitude d’ouverture au mystère insondable de Dieu. Jésus dira d’elle qu’elle a choisi la meilleure part et qu’elle ne lui sera pas enlevée. Notre vocation chrétienne est de nous laisser former et identifier de plus en plus au mystère de Jésus. Nous sommes son Église et à la suite de Marie la mère de Jésus, nous voulons nous laisser épouser par Dieu, le Bien Aimé. La prière est une œuvre, c’est un travail où l’on apprend à aimer. Pour durer dans la prière et entrer dans une relation profonde avec Jésus, nous abordons ce temps comme un lieu où nous donnons et où nous recevons au centuple. Nous apprenons à nous renouveler dans une attention amoureuse qui se perd dans le silence. Avec Jésus, nous participons par la prière, au mouvement de la vie avec le Père, dans le don et l’accueil de l’Esprit Saint. C’est une école de pauvreté et d’humilité, la meilleure école pour une vie évangélique et fraternelle. Nous savons que prière et action ne s’opposent que si l’une et l’autre se vivent dans la médiocrité. Si elles sont vécues comme une mise en œuvre et un apprentissage de la charité, elles deviennent toutes deux une manière unique et unifiée d’être à Dieu et d’être au monde. Dans la Foi, l’œuvre charitable prend tout son poids et sa valeur quand elle n’est pas simplement œuvre de la volonté humaine, mais collaboration de notre liberté à l’œuvre de Dieu. Chacune de nos actions trouvent leur valeur et leur sens le plus profond lorsqu’elles trouvent dans l’Amour leur source et leur accomplissement. La véritable action chrétienne est une union intime avec Jésus qui ne peut pas être opposée à la prière. C’est une nouvelle conformité au visage du Christ qui prend corps en nous, qui prend forme dans l’Église de Dieu. Et c’est bien ce qui nous est demandé : rayonner le Christ Jésus dans toute notre vie.
Abbé Frédéric Fermanel