Quarante jours après Noël, le Seigneur est présenté au Temple. Un don appelle toujours un autre don. A Noël, Dieu donne son Fils aux hommes, et aujourd’hui les hommes offrent l’Enfant à Dieu. Cette fête de la Lumière clôture les solennités de l’Incarnation, en manifestant le mystère de joie et de paix à travers la fidélité. Nous n’avons guère les moyens de saisir aujourd’hui le sens de la purification de Marie, les relevailles. Mais nous pouvons remarquer combien Marie et Joseph entendent demeurer fidèles aux prescriptions de la Loi.
Leur fidélité est plus explicite encore lorsque nous les voyons présenter leur enfant. Ce rite rappelle le sacrifice d’Abraham, le père des croyants, le père du peuple de Dieu. Dieu lui donna un fils dans sa vieillesse. L’enfant du miracle, puisque Sara, son épouse, ne pouvait avoir d’enfant. Lorsque Isaac eu grandi, Dieu mit la foi d’Abraham à l’épreuve. Il lui demanda de sacrifier son enfant. Bien sûr, nous savons que Dieu arrêta le bras d’Abraham. Mais il lui dit : « tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ». Abraham affirmait par ce geste que son fils appartenait à Dieu, à cause des circonstances mêmes de sa naissance. Ce geste indiquait aussi que toute maternité, toute paternité, sont un don de Dieu. Père et mère ne sont pas créateurs, ils sont médiateurs, intermédiaires entre l’œuvre créatrice de Dieu et l’enfant qui naît de leur union. Cet enfant n’est pas une chose qui leur appartient. Il est une personne dont ils doivent servir la dignité et la liberté. Toute une conception du rôle de parents est ici engagée. Chaque enfant est un trésor qui nous est confié. Voilà pourquoi, dans un rite simple mais expressif, les parents devaient venir présenter à Dieu leur premier-né afin de bien marquer que l’enfant appartenait à Dieu. Ils ne le reprenaient qu’après avoir offert un sacrifice, en l’occurrence deux colombes, en témoignage des droits de Dieu sur leur enfant. Dire et affirmer que Dieu a des droits sur l’enfant, c’est accepter que nous-mêmes n’avons pas de droits, mais des devoirs.
Après 40 jours, cette célébration de la lumière, d’abord aveuglante dans nos vies enténébrées par le péché, prend soudain l’aspect d’une purification pour notre foi en l’Incarnation. Elle exprime bien ce double acte de foi auquel nous sommes invités : Foi en Dieu de qui vient tout bien, y compris celui d’accueillir un enfant. Foi encore en cet enfant, qui est lumière, et qui porte déjà en lui, comme tout homme, la dignité d’une vocation personnelle que Dieu lui adresse. Appel à vivre, appel à aimer, appel à répandre la vie. Appel à la vie éternelle.
Abbé Frédéric Fermanel