« Celui qui n’est pas contre nous, est pour nous », ne doit pas nous faire oublier ce que Jésus affirme par ailleurs : « Qui n’est pas avec moi est contre moi, et, qui ne rassemble pas avec moi, disperse » (Mt. 12,30). Le problème n’est-il pas ce « nous » arrogant des disciples ? Cet homme qui guérit, qui fait le bien au nom de Jésus, n’est pas de « ceux qui nous suivent » dit Jean ! Or le seul qu’il s’agit de suivre, c’est le Christ. Celui qui fait le bien, qui guérit les autres, agit dans l’Esprit du Messie. Ce qui est sûr, c’est que nul ne peut se rapprocher du Dieu vivant, nul ne peut guérir au nom du Christ, sans être, qu’il le sache ou pas, du Christ. Il n’y a pas de demi-mesure. Il est donc question ici de la relation au Christ : qui n’avance pas recule ! Jésus le dit ailleurs en termes plus rudes encore : « À celui qui a, on donnera encore, mais, à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a » (Lc 19,26). Celui qui a l’Esprit du Christ, nul ne pourra le lui enlever, pas même les disciples. D’un autre côté, note Paul : « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il n’appartient pas au Christ » (Rm 8,9). C’est donc en nous enracinant dans notre relation au Christ que nous pourrons vivre du feu de son Esprit. Ce feu s’oppose au « feu qui ne s’éteint pas. » Il y a le feu du buisson ardent et le feu de la géhenne : un feu qui brûle sans détruire et l’autre qui brûle en détruisant. Jésus nous place face à nos responsabilités : par quel feu voulons-nous être brûlés ? Il y a des feux qui ne nous laisse plus nous-mêmes, qu’il s’appelle ambition, jalousie ou… désespoir. Et puis il y a le feu qui éclaire, celui que Jésus apporte : « je suis venu allumer un feu sur la terre et comme il me tarde qu’il soit allumé ! » (Lc 12,49). Quel est ce feu sinon Dieu lui-même ! Le Seigneur aussi est un feu, nous disent Moïse (Dt 4,24) et Isaïe (Is 29,6).
Ce feu-là ne nous détruit pas, il nous recrée, il nous aide à devenir nous-mêmes, « le prodige, l’être étonnant » que nous sommes (Ps 138,14). C’est le feu qui vivifie, qui personnalise, anime, transforme, fait parler, guérir et aimer… C’est le feu de l’amour « fort comme la mort » (Ctq 8,6). Jésus nous dit simplement la vérité : « Nul ne peut servir deux maîtres » (Mt 6,24a). Il faut choisir. Choisir entre deux Esprits, entre deux feux. A la Pentecôte, nous avons reçu l’Esprit, celui que Moïse espérait : « Ah ! si seulement tout le peuple du Seigneur devenait un peuple de prophètes sur qui le Seigneur aurait mis son Esprit ! », un Esprit descendu comme « des langues de feu » (Ac 2,3) … Accueillons-le !
Abbé Frédéric Fermanel