Les paraboles du trésor et de la perle nous invitent nous-mêmes à nous poser la question : qu’est-ce qui a pour nous le plus de prix ? Et elles nous révèlent surtout que le Royaume des cieux, si nous le découvrons et l’accueillons, c’est justement ce à quoi rien n’est comparable, ce que nous devons préférer de manière inconditionnelle. Quel est ce bien incomparable, unique entre tous ? Jésus le révèle ailleurs dans l’évangile : c’est de se donner comme Dieu lui-même s’est donné et ne cesse de se donner à nous. Là est le trésor auquel tout le reste doit être sacrifié, là est la perle incomparable entre toutes. Et comme Jésus a lui-même témoigné, de manière unique, de l’amour de son Père et de l’amour d’autrui, nous pouvons aussi dire que le trésor et la perle ne sont autres que le Christ lui-même – caché dans le champ des Écritures – et l’Esprit qui, répandu dans nos cœurs, nous fait vivre du Christ.
Or Jésus ajoute une dernière parabole, celle du filet qu’on jette à la mer et qui recueille toutes sortes de poissons dont les uns sont bons et les autres sans valeur. Il faut faire un tri parmi ces poissons : image, nous dit Jésus, de ce qui se passera à la fin du monde lorsque les justes et les méchants seront séparés. Mais cette parabole n’est pas d’abord une description de ce qui adviendra, elle est plutôt à entendre comme une prophétie qui nous invite aujourd’hui à choisir le chemin de la vie. Jésus ne dit pas à certains « vous serez sauvés » et à d’autres « vous serez perdus » (son désir, nous le croyons, est bien plutôt que tout homme soit sauvé !) ; mais il nous prévient que notre existence présente n’est pas neutre : c’est aujourd’hui que se joue notre avenir, un avenir qui risque d’être malheureux si nous refusons les biens du Royaume, un avenir qui sera heureux si au contraire nous savons nous attacher au trésor et à la perle du Royaume.
Les saints n’ont cessé de le dire au long de l’histoire : c’est aujourd’hui que nous avons à accueillir l’essentiel, cet unique nécessaire dont dépend le bonheur de demain et de toujours, ce trésor et cette perle du Royaume qui consiste à aimer comme Dieu même nous a aimés et ne cesse de nous aimer. Nous pouvons faire nôtre cette prière de saint Ignace de Loyola (le 31 juillet) :
« Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté,
ma mémoire, mon intelligence, ma volonté, tout ce que j’ai et possède...Donne moi seulement ton amour et ta grâce : c’est assez pour moi. »
Abbé Frédéric Fermanel