Le Seigneur appelle et envoie. Souvent la grâce nous est donnée de reconnaître qu’effectivement le Seigneur s’est manifesté dans notre histoire présente au travers d’une rencontre, un événement, une illumination, une prise de conscience : nous sommes alors les « bénéficiaires » de la visite du Seigneur, et nous nous en réjouissons. Mais inversement, n’oublions pas que c’est l’Église entière, la communauté des baptisés, des confirmés, qui est envoyée dans le monde, aujourd’hui. N’oublions pas que si nous vivons de l’Eucharistie, c’est pour que tous et chacun soyons envoyés (comme l’indique d’ailleurs le mot « messe », qui signifie « envoi », et qui a donné le mot de « mission »). C’est l’Église entière qui est prophétique et « apostolique », fondée sur les apôtres, animée de l’Esprit du Christ. La mission, ce n’est pas uniquement le travail d’une élite spécialisée : les prêtres, les évêques, ceux qui font profession religieuse... C’est le devoir, la vocation, l’appel de tout chrétien, selon les talents que lui a confiés le Seigneur.
À la fin de chaque messe, nous sommes tous envoyés à la rencontre du monde « dans la paix du Christ », sans crainte et dans la simplicité, avec comme seule arme, cette parole : « Allez ! », et comme seule consigne : laissez-vous accueillir ! Et si on ne vous accueille pas, passez votre chemin, poursuivez votre route. Lorsque vous êtes accueillis, ne vous contentez pas de profiter du repas qui vous est offert, mais parlez et agissez, comme les apôtres qui « partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir (changer de vie) ; ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient. » Si nous ne disons rien et ne posons aucun acte de salut, ne soyons pas surpris de ne pas être sollicités à nouveau et de faire si peu de disciples ! Combien de personnes non chrétiennes ou lointainement chrétiennes savent que nous avons reçu un trésor, une Loi nouvelle de liberté ? Ils attendent pourtant, des apôtres d’aujourd’hui, qu’elle leur soit annoncée avec courage et charité. Pour cela, encore faut-il aimer ce que le Seigneur aime et rejeter ce qu’Il n’aime pas, afin d’être libre en ce monde, comme le Christ, « à la louange de Sa gloire. »
Abbé Frédéric Fermanel