Jean le Baptiste annonce publiquement l’arrivée de Jésus vers lui et invite ses disciples à regarder avec foi. Cette phrase résonne dans la liturgie, au moment où le prêtre à l’autel partage le pain eucharistique pour préparer la communion : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde ». Et jusque dans la chambre d’un malade, cette phrase qui annonce la présence du Corps du Christ apporté pour la communion, nous dit l’accomplissement de deux figures essentielles.
D’abord l’Agneau, symbole de faiblesse et d’innocence. Agneau qui est immolé puis mangé selon l’ordre de Dieu pour la fête de Pâque, en mémoire de la libération du peuple qui sort enfin de l’esclavage d’Égypte. Et lorsque Jésus meurt sur la croix aux portes de Jérusalem, chaque famille de la ville s’apprête à manger l’agneau pascal. Les premiers écrivains chrétiens et surtout Jean et Paul verront alors dans le Christ versant son sang la figure accomplie de l’agneau pascal. Jésus par sa mort sauve le peuple de l’esclavage du péché et du refus de Dieu. Et dans le livre de l’Apocalypse saint Jean donnera au Christ le titre d’« agneau immolé », « agneau vainqueur » pour l’éternité, « agneau devenu notre berger. »
La seconde figure est plus humaine, mais aussi plus tragique : celle du Serviteur souffrant dont parle le prophète Isaïe. Un mystérieux serviteur de Dieu est chargé de tous les péchés, puis humilié, défiguré, il va à la mort comme « un agneau muet conduit à l’abattoir ». Mais Dieu lui fera voir la lumière, le fera grandir et ce Serviteur justifiera des multitudes car « c’est par ses blessures que nous sommes guéris. » Là aussi, les premiers écrivains chrétiens verront dans la passion et la résurrection de Jésus le chemin du Serviteur de Dieu annoncé par Isaïe.
Voilà ce que nous pouvons voir, nous aussi, avec les yeux éclairés par la foi, en recevant le corps du Christ lorsque nous allons communier. Et voila quelle vie et quelle guérison nous recevons en communiant au Christ vivant à chaque eucharistie.
Mais une fois le Christ reçu, nous avons aussi à l’annoncer. Nous savons qu’il existe beaucoup de manières de témoigner, d’indiquer discrètement le chemin vers le Christ, y compris lorsqu’on est très limité par la maladie ou l’âge. Il suffit que la simplicité et la force du regard de la foi soient à l’œuvre. Il en va de même pour le témoignage collectif de nos églises encore divisées. Puisque la semaine de prière pour l’unité des chrétiens commence ce dimanche, nous devons prier, pour que les Églises sachent écouter ensemble l’annonce de Jean-Baptiste et pour qu’elles inventent des manières toujours nouvelles de dire à l’humanité : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »
Abbé Frédéric Fermanel