Le roi c’est la tête du peuple, il représente le peuple devant les autres nations, il prend soin du plus pauvre dans le peuple c’est son devoir, il gouverne selon la loi reçue de Moïse, il parle avec Dieu pour le bien du peuple comme un fils parle à son père. La foule acclame en Jésus le fils de David, ils le reconnaissent comme quelqu’un qui a déjà pris soin d’eux et ils attendent davantage de lui. En cela ils ne se trompent pas. C’est lui qui a multiplié les pains, c’est lui qui a guéri les malades. La foule lui fait un accueil royal et messianique en étalant manteaux et feuillages sur le chemin. « Hosanna au fils de David ». « Hosanna » : « Donne le salut ».
Jésus a préparé son entrée à Jérusalem en choisissant de monter sur un âne. Être porté par un âne est un signe de dignité, on est plus haut et donc plus visible des autres. Mais un âne est un animal modeste et humble. Salomon au jour de son intronisation était monté sur un âne. Un âne n’a ni la fierté ni l’orgueil du cheval. Jésus choisit d’entrer humblement dans Jérusalem. Jésus accepte la reconnaissance de la foule et néanmoins un malentendu demeure et demeurera entre eux. La foule, elle, attend un libérateur qui va rétablir le royaume terrestre du roi David et libérer Israël de l’occupant romain. Jésus, lui, travaille avec son Père à la réconciliation de tous les hommes et en particulier à la réconciliation du juif et du païen pour que tombe le mur de haine qui est entre eux et que puisse être réuni le nouveau peuple de Dieu.
Jésus est désigné comme roi par l’autorité romaine. Pilate l’interroge : « Es-tu le roi des juifs ? », Jésus répond « C’est toi qui le dis » et puis il ne dit plus rien.
Au dessus de sa tête sur la croix, Pilate fera inscrire : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs ». Roi humilié, roi rejeté, roi crucifié.
Après la mort de Jésus et dans la lumière de la résurrection, l’apôtre Paul écrira aux Philippiens en confessant sa foi au sujet de Jésus : « Il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout afin que toute langue proclame : Jésus Christ est Seigneur pour la gloire de Dieu le Père ».
Voilà le mystère que nous célébrons dans chacune de nos eucharisties : il s’est abaissé pour nous et le Père l’a élevé dans la gloire. Ce mystère, nous le portons en nous et entre nous en ce monde comme un trésor dans des vases d’argile, comme un petit âne porte sur son dos le corps du Christ.
Abbé F. Fermanel