L’Évangile de Matthieu nous donne l’origine de Jésus du point de vue de Joseph, époux de Marie. Matthieu, et les communautés chrétiennes issues du judaïsme dans lesquelles il vit, sont sans doute sensibles à l’épreuve de Joseph. Que doit faire cet homme déjà engagé avec Marie en vue du mariage, lorsqu’il apprend que Marie est déjà enceinte ? La répudier discrètement ? C’est ce que Joseph a décidé. Ou bien supporter les railleries de l’entourage et honorer quand même son engagement ? Mais accueillir Marie et son enfant suppose qu’il aille chercher en lui, plus profondément, un consentement de foi pour accueillir ce qui le dépasse. C’est ce que Dieu, par l’annonce de l’ange, va justement lui demander en songe : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils auquel tu donneras le nom de Jésus... ». Dieu demande donc à Joseph d’assumer auprès de Jésus, et donc auprès de Marie, son rôle de père. Et ce rôle est double : inscrire Jésus dans une lignée de générations, celle de David d’où doit venir le Messie, et aussi donner un nom à son fils, celui de Jésus (Dieu sauve), déjà indiqué par l’ange de Dieu.
C’est donc par Joseph que Jésus prend place et identité dans le peuple de la promesse. Matthieu indique cela à sa manière en citant le livre d’Isaïe : « Tout cela arriva pour que s’accomplisse la parole du Seigneur prononcée par le prophète : voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
C’est bien la foi de Joseph autant que la foi de Marie qui portent la venue de Jésus en ce monde. Et c’est ce travail de la foi en Joseph pour accueillir Jésus, qui le rend si proche de nous.
Quel respect pour Marie chez cet homme simple ! Quelle pureté de regard, quelle pudeur que n’arrête aucune curiosité. Quelle confiance en la promesse de Dieu ! Il y a chez cet homme un espace vraiment vierge, pur, lumineux pour accueillir en Marie, comme Marie elle-même, l’œuvre de l’Esprit. Cet espace intime du consentement est en lui indissociablement reçu de Dieu et construit par sa foi. Car en lui monte une belle obéissance de la foi. Ce terme « d’obéissance de la foi » est employé par Paul dans le début de la lettre aux Romains. A la suite de Joseph, nous sommes, nous aussi, invités à prendre Marie et l’Enfant chez nous, sans avoir peur d’être dérangé... Dans une obéissance confiante ; car en eux se trouvent les germes de la vraie Joie et de la Paix.
Abbé Frédéric Fermanel