Cet homme, riche de ce qu’il a, est une figure de la conversion d’un « héritier » au Christ, de la conversion d’Israël au Christ. Nous, catholiques, avons du mal à percevoir quelle rupture cela représente pour lui non seulement par rapport à ses biens mais surtout par rapport à la tradition spirituelle de ses pères. L’homme s’en alla triste alors que l’appel de Jésus était dans sa vie l’expérience d’un don de Dieu, une consolation non prévisible. Triste parce qu’il n’était pas libre. Il était trop attaché à son héritage pour se compromettre avec Jésus. Tant mieux qu’il n’ait pas répondu « oui » pour « faire plaisir » à Jésus ou par culpabilité. Il s’en va mais nous ne savons pas quelle est la suite de son histoire avec Jésus et avec Dieu. Aujourd’hui encore, il y a des hommes et des femmes qui se convertissent au Christ venant d’autres religions, d’autres traditions spirituelles, de familles agnostiques ou anticléricales. Cette radicalité s’adresse encore à nous, les Héritiers du Royaume par le baptême, qui avons besoin de progresser sur le chemin de perfection.
Tout chrétien est appelé à la conversion et la conversion est une histoire : on ne sait ni le jour, ni l’heure, ni la forme que prendra l’appel personnel de Jésus dans notre vie. Il n’y a pas d’âge pour cela. La rencontre du jeune homme riche avec Jésus tient à son questionnement mais aussi à son initiative. La réponse de Jésus sera toujours empreinte d’un regard bienveillant sur nous.
Le passage de la position d’héritier à celle de disciple conduit à des ruptures. Pour les uns elle peut être radicale : il y a un avant et un après. Pour d’autres elle peut être plus progressive au cours de leur vie : entendre l’appel de Jésus et y répondre peut s’étendre au long de plusieurs années.
Il y a le rapport à l’argent et à la tradition de nos pères que représente la réussite sociale. « Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel. » Il y a des chrétiens qui choisissent de travailler au service d’une cause au nom de l’Évangile et qui prennent des risques pour leur carrière et leurs revenus.
Il y a aussi le rapport à l’identité culturelle : accueillir dans la communauté chrétienne, à cause de Jésus, des hommes et des femmes qui se sont convertis au Christ et qui ne viennent pas de la même tradition spirituelle ou du même milieu social ou qui n’ont pas la même couleur de peau que nous. Comme aux premiers temps de l’Église où Pierre a été appelé à accueillir Corneille et Ananie, à recevoir Paul le persécuteur de l’Église…
Il y a un chemin par lequel un héritier peut devenir un disciple de Jésus. À cause de l’Évangile. À cause de Jésus !
Abbé F. Fermanel
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13 octobre 2024