Le Dieu en qui nous croyons, mystère au-delà de tout ce que nous
pourrions imaginer, s’est rendu proche de notre humanité, au point de nous
rejoindre en son Fils qui est venu partager notre condition humaine ; proche,
au point de s’offrir à nous jusque dans le sacrement de l’Eucharistie.
Pour beaucoup d’entre nous, sans doute, la participation à la messe est
devenue comme une habitude et pour une part il est bon qu’il en soit ainsi
parce que l’eucharistie nous est donnée comme une nourriture que nous
sommes appelés à recevoir non pas une seule fois mais tout au long de notre
vie. Car c’est bien une Alliance de toute notre vie que nous célébrons dans
l’institution de l’eucharistie.
Jésus a dit à propos du pain, « Ceci est mon corps » : non pas le corps d’un
autre (tel le corps des animaux que l’on offrait jadis en sacrifice), mais bien
mon propre corps. Jésus a dit à propos du vin, « Ceci est mon sang » : non
pas le sang des autres, mais le mien, ma propre vie, offerte et donnée pour la
multitude. À la source de l’Eucharistie, il y a cette offrande que le Christ a
faite de sa propre personne, pour nous et pour la multitude.
Si nous sommes vraiment disciples du Christ, nous ne croyons pas
seulement que le Christ est mort pour nous et qu’il est ressuscité d’entre les
morts mais nous croyons aussi qu’il nous a offert de pouvoir communier, dans
le présent de notre histoire, à sa Vie dans son corps et son sang. Chaque fois
que nous accueillons en vérité le pain et le vin devenus corps et sang du
Christ, nous sommes réellement nourris par le Christ, nous recevons de lui
d’être unis au plus intime de nous mêmes.
Lorsqu’on veut laisser à un enfant, à un parent ou à un ami un souvenir de
tel ou tel événement, on lui offre volontiers un cadeau qu’il emportera chez
lui et qui fera pour lui mémoire de cet événement. Le Christ, lui, nous a laissé
infiniment plus qu’un cadeau : par l’eucharistie, il nous a ouvert la possibilité
de l’accueillir lui-même, présent au milieu de nous et en nous alors même que
nous ne pouvons ni le voir ni l’entendre ; par l’eucharistie, le don qu’il a fait
de lui-même une fois pour toutes nous atteint personnellement, jusque dans
notre corps qu’il pénètre de sa vie.
Mais si Celui qui nous rejoint ainsi nous a aimés jusqu’au bout, comment
l’accueillerions-nous en vérité si, à notre tour, nous ne nous laissions
transformer par sa présence au point de nous donner nous-mêmes ?
Abbé Frédéric Fermanel
Pour que nos vies deviennent Eucharistie...
1er juin 2024